· 

[INCI] Savoir lire les Etiquettes des Cosmétiques

Tous les jours, et même plusieurs fois par jour, la plupart d’entre nous utilisent de produits cosmétiques, tels que gel douche, shampoing, baume à lèvres, crèmes, dentifrices…. Aujourd’hui, je vais vous parler de la fameuse liste INCI… Vous savez cette liste des ingrédients qui est obligatoire sur tous les emballages de vos produits cosmétiques…. Que nous révèle-t-elle et à quoi doit-on faire attention lorsque nous sommes en recherche de produits plus sains pour l’homme et l’environnement?

 

 

 

 

 

Comment est formulé un produit cosmétique?

 

La plupart des cosmétiques sont des émulsions. C’est à dire le mélange d’une phase aqueuse avec une phase grasse. Afin de lier ces 2 phases, le rajout d’un émulsifiant est nécessaire. Un peu comme l’oeuf pour faire une mayonnaise! On y ajoute ensuite des actifs, des colorants, des conservateurs, des parfums… Qu’est ce qui différencie un cosmétique conventionnel d’un cosmétique « bio »?

 

COSMETIQUE CONVENTIONNEL  COSMETIQUE « BIO » ou NATUREL
Les ingrédients suivants sont classés par ordre décroissant de leur % dans la composition
EAU EAU, JUS, HYDROLATS
HUILES MINERALES OU INGREDIENTS DE SYNTHESE HUILES VEGETALES OU BEURRES VEGETAUX
ACTIFS DE SYNTHESE OU NATURELS ACTIFS ET EXTRAITS VEGETAUX NATURELS,HUILES ESSENTIELLES
COLORANTS, CONSERVATEURS, PARFUMS COLORANTS MINERAUX OU VEGETAUX, CONSERVATEURS « DOUX », FRAGRANCES NATURELLES

 

 

 Attention à l’amalgame entre CHIMIE et NOCIF… L’eau que nous buvons tous les jours est un ingrédient chimique ! Des échanges chimiques s’effectuent dans notre corps humain., etc ! Ainsi NATUREL n’est pas antinomique de CHIMIQUE et un ingrédient dit NATUREL peut être NOCIF. Il faut toujours savoir sur quelles bases on emploie les mots « naturel » et « chimique ».

 

 

Qu’est-ce que la liste INCI? (International Nomenclature of Cosmetics Ingredients)

 

 

L’INCI est pour l’instant notre seule façon de comprendre ce qu’un cosmétique contient. Il faut la lire et apprendre à la décrypter. On vous barbe avec les listes d’ingrédients de la nourriture que vous avalez?! Et bien à mon tour de venir vous embêter avec les ingrédients que vous vous mettez sur la peau, qui peuvent passer au travers et que vous pouvez aussi avaler! (dentifrices, baumes à lèvres…)

 

Quelques points à savoir : La liste des ingrédients est obligatoire sur tous les emballages de nos cosmétiques et elle est identique pour tous nos pays occidentaux. Elle est souvent difficile à lire… Faites le test! Prenez un cosmétique au hasard et analysez-le! Vous voyez la liste écrit en toute petit avec des noms incompréhensibles?! C’est elle! A croire que les industriels de la cosmétique ne souhaitent pas trop qu’on y regarde de plus près! Mais soyons fous et faisons-le ensemble, vous allez voir, c’est édifiant!

 

Pour commencer, tous les ingrédients de la formulation du produit doivent être notés. Ils sont inscrits par ordre décroissant d’importance de la composition. Comprenez par là que si le premier ingrédient que vous lisez est « Aqua », alors l’ingrédient le plus important de votre produit est l’eau. Si vous lisez « Parafinum liquidum », alors vous avez devant vous un produit dont l’ingrédient majoritaire est issu du pétrole… Seuls les ingrédients dosés à moins de 1% peuvent être notés dans un ordre différent. Les industriels savent bien utiliser cette faille à nos dépens! En effet, un conservateur dosé à 0,9% pourra donc être inscrit après une huile essentielle dosée à 0,1%! Dans tous les cas, repérez avant toute chose, les nominations latines et/ou anglaises. En effet, les extraits végétaux et naturels seront notés sous cette forme! Comme par exemple, « Helianthus annus seed Oil » pour l’huile de tournesol… Cette liste INCI est loin d’être parfaite car elle ne note pas tous les détails (par exemple, la « glycerin » peut être d’origine naturelle ou de synthèse)  mais elle permet tout de même d’en savoir un peu plus sur nos cosmétiques…

 

 

Ne pas se faire avoir par le greenwashing

 

 

Avec l’avènement du «bio» et l’engouement des consommateurs pour des produits naturels et plus «sains», suite à différents problématiques, certains fabricants ont bien compris l’enjeu financier et d’image de marque que cela procurait. Ils font alors preuve d’ingéniosité pour faire croire à plus de « naturel » et d’écologie de leur part à grand coup de marketing.

 

 

 

Quelques points à vérifier qui peuvent faire penser à une histoire de greenwashing!

 

 

- Le produit cosmétique convoité possède une dénomination aux tons « naturels », le visuel est fleuri, aux accents végétal,  le packaging fait mention de son éco-emballage… Dans ces cas-ci, l’industriel veut vous faire croire avec des moyens simples et visuels, qui touchent votre inconscient, que son produit est sain… Il ne reste plus qu’à vérifier sur l’INCI!

 

- Les industriels, à grand coup de marketing et d’annonces phares,  vous font part de leur engagement et de leurs actions en faveur de l’environnement… Et s’ils revoyaient par la même occasion la formulation de leurs produits? Sinon, c’est comme si je vous disais: j’éteins toutes les veilles de mes appareils électroniques mais je laisse allumés les plafonniers toute la journée… Il y’a comme qui dirait un schmilblick, là, non?! Vous me répondrez « c’est toujours mieux que rien »… certes mais vous n’avez pas l’impression de vous faire berner?! C’est juste histoire que vous ayez la conscience un peu plus tranquille quand vous achetez un de leurs produits! « Ah oui, mais tu sais, en achetant ce produit, je viens de planter 10 arbres! » (et tu viens de polluer un peu plus l’environnement, et peut être ta santé, avec les ingrédients qu’il contient! )

 

- Le produit cosmétique qui vante en gros caractères sur son emballage un extrait végétal très précieux… Je crois que vous seriez surpris de la place que peut occuper cet ingrédient dans la « toute petite » liste INCI à l’envers de l’emballage! Je pense que vous pouvez commencer votre lecture en cherchant vers la fin de l’ INCI…

 

- Le produit qui, toujours en gros caractère, vous vend un ingrédient « bio ». Ici, je trouve cela limite mensonger… En effet, beaucoup de personnes qui lisent « crème à l’huile d’argan bio » pensent tout simplement que leur produit est « bio »! Les industriels le savent bien et n’hésitent pas à jouer dessus! S’il était vraiment bio de A à Z, vous trouveriez sans doute un petit label sérieux sur la boite et surtout, ils n’auraient pas besoin de préciser que leur huile d’argan est bio… De plus, même remarque que le paragraphe au-dessus: en quelle position sur la liste INCI se retrouve cet ingrédient bio?!

 

 – Le produit qui vous vend des « non ingrédients ». Les industriels suivent comme vous les médias et savent très bien qu’avoir tel ou tel ingrédient dans leurs produits peut nuire à leur image. Alors, par exemple,  quand les parabènes ont fait leur show sur la scène médiatique, beaucoup de ces mêmes industriels ont voulu les retirer de leurs produits pour ne pas perdre leurs clients et consommateurs accros à leurs marques... Et là vous vous dites bien naïvement qu’ils font attention à votre santé…. Mais, juste une question, comme çà…. Vous êtes-vous déjà posé la question « Par quels ingrédients remplacent-ils le(s) ingrédient(s) incriminés sur leurs emballages? » Je vous renvoie vers mon article édifiant sur le méthylisothiazolinone... Un ingrédient qui fait partie de la famille des Libérateurs de Formaldéhyde et qui remplace dans certains cas les parabènes… Ou comment tomber de Charybde en Scylla…

 

 

De quels ingrédients faut-il se méfier?

 

 

Les cosmétiques conventionnels sont certes tout à fait en règle par rapport aux normes en vigueur et donc non toxiques à court terme, mais qu’en est-il des effets à long terme et de l’effet cocktail ? En effet, vous avez déjà tous entendu parler de l‘AFSSAPS qui controle les cosmétiques entre autres. Vous savez comme moi, que régulièrement, cette même agence qui a autorisé la mise sur le marché de produits, retire des molécules ou ingrédients présents dans ces mêmes produits, de ses listes autorisées… Notamment parce que des études complémentaires ont été effectuées et ont démontré des soupçons confirmés sur certains d’entre eux…

 

Les études sur l‘effet cocktail ne sont pas encore très nombreuses surtout dans le domaine de la cosmétique. On en entend beaucoup plus parler avec les pesticides et les agriculteurs. En effet, auparavant, il n’était étudié que les molécules prises isolément… Mais jamais dans leur contexte d’association, ce qui est le cas des pesticides et insecticides. Aujourd’hui, cela tend à montrer que cet effet cocktail est plus dangereux que la molécule seule. Ce qui peut paraitre logique…. Par exemple, pour faire très simple, si vous prenez un seul alcool lors d’une soirée ou si vous faites des mélanges de différents alcools lors de cette même soirée, les résultats ne seront pas les mêmes sur votre métabolisme, surtout le lendemain matin! Alors, il serait vraiment nécessaire d’obtenir plus d’études sur ce fameux effet cocktail dans la gamme des cosmétiques…

 

Quand on parle de toxicité, la première chose qui nous vient à l’esprit est notre propre santé directe. Mais il existe des ingrédients qui ne sont pas nocifs directement pour l’Homme mais qui dégradent notre environnement et donc l’homme indirectement par la suite. La plupart des cosmétiques conventionnels contiennent des agents polluants pour la planète. Utiliser une huile slow ou bio c’est diminuer la facture et l’empreinte écologique.Il y’a des ingrédients qui font appel à la chimie lourde pour pouvoir être produits et d’autres qui mettent des centaines d’années à se dégrader! Quand on sait le nombre de personnes qui prennent des douches/shampoings chaque jour avec des produits conventionnels, que ces mêmes produits sont rincés et se retrouvent dans les stations d’épuration non dégradés, on ne s’étonnera plus d’avoir des eaux de médiocre qualité en France et des pollutions de plus en plus fréquentes! (associées bien entendu à toutes les autres pollutions autres que celles liées aux cosmétiques)

 

Ne vaut-il pas mieux alors Prévenir que Guérir comme dirait l’autre Sage ?!

 

 Lisez toujours en priorité les 5 premiers ingrédients de la liste INCI, si vous lisez ceux qui apparaissent ci-dessous, n’achetez pas le produit!

 

 

- Les Huiles Minérales: Elles sont dérivées de la pétrochimie, de schistes… Ce sont des corps gras inertes pour la peau qui n’entrent pas en intéraction avec elle. Ces huiles forment un film occlusif sur la peau qui empêche l’eau de s’évaporer. Elles possèdent un bilan écologique désastreux et sont peu chères pour le fabricant. (Paraffinum liquidum, Cera microcristallina, Mineral Oil, Petrolatum … etc)

 

- Les Alcools gras et Solvants: Ils permettent de stabiliser et d’émulsionner les cosmétiques. Ces ingrédients de synthèse peuvent être irritants et sont polluants pour l’environnement. Ils possèdent en outre à peu près les mêmes caractéristiques que les huiles minérales. (Methyl / Propyl / Caprylyl -alcohol, Alcool cétylique, Alcool stéarilique… etc)

 

- Les Silicones: Bien tolérés par la peau, ils apportent une douceur et une «glisse» supplémentaire aux cosmétiques. Néanmoins, ils ne nourrissent pas la peau et surtout, ils mettent des centaines d’années à se dégrader ! On les retrouve dans quasiment tous les cosmétiques conventionnels rinçables ou non, notamment les shampoings, les gels douche, le maquillage… (terminaisons en -one ou -ane : dimethicone, isohexadecane, cyclohexasiloxane… etc)

 

- Les Polymères: lls possèdent à peu près les mêmes caractéristiques que les silicones en apportant une touche de douceur. Ils peuvent aussi servir d’émulsifiant. Ils sont obtenus à partir de chimie lourde et très polluante, avec l’usage de gaz toxiques. (Repérez les grosses lettres ! PEG, PPG mais aussi -cellulose, crosspolymer, polypropylène…
Les Sels d’Aluminium: Agents anti-transpirant et sujets à polémique (cancérigènes ?), même l’AFSSAPS invite à la mesure et a demandé des études complémentaires sur ces sels d’aluminium. Ils sont aussi suspectés d’avoir un impact sur le systeme nerveux à long terme. (Préfixe et Terminaison avec Aluminium)

 

- Les SLS: Tensioactifs (détergents), producteurs de mousse et émulsifiants, on les retrouve dans les gels douche, shampoings, dentifrices (et oui il se peut que vous en avaliez un peu tous les jours!)… Ils sont aggressifs, irritants et desséchants pour la peau. (Sodium Laureth Sulfate et Sodium Lauryl Sulfate ( ce dernier est plus irritant ))

 

- Les Conservateurs: Ils sont nécessaires pour les cosmétiques contenant de l’eau pour éviter les contaminations et développements bactériologiques et moisissures. Les Parabènes : Suspectés d’être cancérigènes et largement médiatisés, les parabènes sont les conservateurs les plus connus. Ils sont peu chers, stables et simples d’utilisation. (terminaisons en -paraben). Les Alcools : Il peut être d’origine naturelle et être autorisé en «bio». Mais ses origines de production peuvent être multiples et dans les produits conventionnels, on se méfiera de l’ingrédient «alcohol denat» (prefixe ou terminaison en -alcohol) L’EDTA : C’est un conservateur et antioxygène dans l’industrie de la photo ou encore du papier. Il est aussi anti-tartre. C’est un poison et il est très polluant. On le retrouve en fin de chaîne non détérioré dans les stations d’épuration… Les Libérateurs de formaldéhyde: Le formaldéhye est aujourd’hui classé allergène et cancérigène mais qu’en est-il des ingrédients qui libèrent du formaldéhyde, au contact de l’eau ? ( rappelons que les cosmétiques sont en grande partie à base d’eau ! ) (Quaternium 15, Quaternium 18, Polyquaternium 10, DMDM Hydantoin, Chlorphenesin, Diazolidinyl uurea,
Methylisothiazolinone …
)

 

 

Cherchez les labels « bio » ou demandez des renseignements à votre producteur!

 

 

Aujourd’hui, les labels « bio » sont les seuls moyens de savoir si un produit est plutôt « clean », s’il ne possède pas d’ingrédient problématique ou si ce n’est pas un greenwasher. D’ailleurs tous les éléments cités ci-dessus sont bannis d’office (seuls quelques conservateurs précis sont tolérés) En effet, les fabricants doivent répondre à des chartes strictes qui garantissent un minimum de points fondamentaux. (Certains sont plus exigeants que d’autres mais tous sont plus cleans que les conventionnels) Tous les labels « bio » sont aussi contre les tests sur les animaux. Pour éviter de perdre (dans tous les sens du terme) le consommateur dans la pléthore de labels « bio » existants, certaines certifications ont vu le jour sous l’impulsion et l’association soit de labels bio reconnus (Cosmos Standard) soit de fabricants bio et naturels sérieux (Natrue). Ces certifications s’harmonisent afin de faciliter la tâche du consommateur. Certains labels possèdent des exigences bien au delà des autres, comme le célèbre Nature et Progrès.

 

Par contre, si vous achetez un produit directement à son fabricant et qu’il ne possède pas de label, pas de panique! Demandez lui des renseignements complémentaires à sa liste INCI! En effet, pour des raisons financières ou idéologiques, un fabricant n’aura pas forcément de label bio même si son cosmétique l’est et qu’il est tout à fait sain ! Si toutefois vous restez dans les marques « connues », celà ne devrait pas vous arriver!

 

Bien sûr, j’entends déjà des voix s’élever  « Oui mais t’es drôle toi, le Bio c’est super cher! ». Ce n’est pas le débat de cet article, mais penchons nous (très rapidement) sur cette question de la chèreté pour essayer de relativiser…

 

- Par rapport à un produit de « composition semblable », un produit labellisé bio sera forcément un peu plus cher. Pour différentes raisons: ingrédients et matières premières de meilleure qualité et donc plus chers pour le fabricant, label bio à financer… Forcément le prix s’en ressent à la fin. Mais si vous appliquez sur votre peau un produit « bio », en règle générale, vous utiliserez aussi moins de produit à chaque fois et donc votre tube ou pot diminuera moins vite. La différence de coût à la fin est donc minime!

 

- Entre une crème de jour « haut de gamme » conventionnelle » à 50euros dont la majorité du coût partira dans les campagnes publicitaires, les pseudo-brevets, et peu dans les actifs ou les ingrédient de qualité, et une crème bio à 30 euros avec des ingrédients de qualité qui intérargissent avec la peau…. Vous trouvez toujours que le bio est cher?!

 

 

- Pour avoir des cosmétiques bio… vous n’êtes pas obligés de les acheter ‘tous faits’! Et si, vous vous mettiez à créer vos propres cosmétiques, qui non seulement répondront idéalement aux besoins de votre peau du moment mais en plus sont une véritable source d’économie financière?

 

- Bien sûr, comme partout, il y’a toujours des profiteurs… J’entends par là, des fabricants qui surfent sur la vague du « bio », développent une gamme bio parmi leur majorité de produits conventionnels et qui les vendent à des prix exorbitants…juste pour le label… Car si on regarde de plus près la composition, certes, il n’y a pas d’ingrédients problématiques mais les actifs végétaux se font rares…

 

Alors… à vos listes INCI!