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Plantes & Indésirables: Bye Bye les cochenilles !

La première fois que l’on m’a envoyé des photos de l’état de ce pauvre fusain ci-dessus, j’ai pensé à des aleurodes… Les photos étaient floues et la seule chose que je voyais était une multitude de « points blancs ». Mais lorsque j’ai eu un échantillon entre les mains, les dégâts étaient pires que je ne l’imaginais, tout était envahi: les feuilles étaient recouvertes de « tiretés » blancs et les rameaux étaient complètement boursouflés. Ce n’était donc pas des aleurodes mais un type de cochenille à bouclier: Unaspis euonymi

 

Le saviez-vous? Certaines cochenilles servent à élaborer le « rouge carmin » dans l’industrie alimentaire et cosmétique. Il est obtenu par broyage des insectes et apparait sous la dénomination E120 (alimentation). Vous ne regarderez plus votre yaourt à la fraise ou votre rouge à lèvres de la même manière! (En savoir plus: www.sciencepresse.qc.ca – rouge-cochenille colorant naturel)

 

Symptômes / Signes de l’infestation de cochenilles sur vos fusains

 

Si votre arbuste est fortement infesté, vous ne pourrez pas les louper… D’ailleurs, bien trop souvent c’est à ce stade que beaucoup de personnes s’en aperçoivent… c’est aussi à ce moment là, que pour une grande majorité, il sera dégainé le « pshiiiit-pshiiiiiiiiit-pshiiiiiiiiiiiiit-, aller encore un pour être sûr: pshiiiiiiiiiiiiiiiiiit »… Produit bien toxique non seulement pour les cochenilles, mais aussi pour les insectes alentours, vos animaux de compagnie et vos propres voies respiratoires…. 

 

Ces fortes infestations de cochenilles peuvent entraîner la mort de l’arbuste par manque de nourriture car les cochenilles se nourrissent essentiellement de la sève des végétaux… Avant d’en arriver à ce cas extrême, il est facile de déceler les premiers signes de l’installation des cochenilles avec un peu d’observation:

 

♧ Les feuilles attaquées peuvent présenter des lésions jaunâtres sur le revers des feuilles et le long des nervures centrales.
♧ Les feuilles peuvent chuter par manque de sève et de nutrition (les cochenilles la prélevant). Les feuilles étant aussi le siège de la photosynthèse, si celle-ci vient à manquer, elle peut entrainer la mort prématurée de la plante.

 

A savoir:

Selon le type de cochenille, les feuilles peuvent devenir collantes par la production de miellat (substance produite par les cochenilles),  puis apparition de fumagine (= champignon dont les spores se développent sur le miellat en produisant une poudre noire). Mais ce n’est pas le cas d’Unaspis euonymi…

 

♧ Les cochenilles du fusain mâles sont blanches, ailées mesurent environ 2 mm de long et se situent principalement sur le revers des feuilles. Lorsqu’un fusain est infesté, c’est le nombre élevé de cochenilles mâles qui lui donne son apparence blanche.

 

 

 

♧ Les cochenilles femelles, dites à bouclier, se présentent sous la forme de petites protubérances gris-marron d’environ 2mm de diamètre. Elles se retrouvent principalement sur les jeunes rameaux.

 

Les femelles hivernent pendant la saison froide puis, au début du printemps, elles déposent leurs œufs sous leur bouclier protecteur. Ces derniers éclosent à la fin du printemps et les jeunes cochenilles vont pouvoir commencer à migrer vers les feuilles pour s’alimenter de la sève de la plante hôte.

 

 

Conditions favorables aux cochenilles du fusain

 

Les cochenilles se retrouvent généralement sur des plantes déjà affaiblies ou n’étant pas dans de bonnes conditions de culture ou encore dans des environnements dépourvus d’auxiliaires… Les situations aggravantes pour les plantes, mais dont raffolent les cochenilles, sont:

 

♧ la mauvaise circulation d’air,
♧ les températures élevées,
♧ et le manque d’humidité du sol.

 

C’est pour ces raisons que nous les retrouvons tout au long de l’année sur les plantes d’intérieur par exemple, ou principalement au printemps ou en automne sur les plantes situées en extérieur.

 

 

 

 

 

« Lutte » et mesures préventives

 

Je n’aime pas ce mot de « lutte » et vous me connaissez, je suis plutôt dans la prévention que dans le traitement curatif. Si l’attaque n’est pas trop importante, vous pouvez les laisser en place et exercer une surveillance sur les plantes incriminées. Les cochenilles comme d’autres animaux font partie du cycle naturel et possèdent donc un rôle écologique. De plus, comme je l’ai indiqué, c’est souvent sur des plantes déjà affaiblies, ou bien placées dans des mauvaises conditions de cultures, qu’elles font leur apparition. Vous pouvez alors déplacer la plante dans un endroit qui lui conviendra mieux et lui re-donner les moyens de se défendre. (substrat approprié, purin de consoude…)

 

♧ La première chose à faire est de limiter les dégâts grâce à un jet d’eau puissant en direction des parties infestée. Vous pourrez ensuite couper et supprimer les parties trop fortement atteintes ou retirer avec un coton imbibé d’alcool les cochenilles apparentes, notamment celles à bouclier, puisque ces dernières protègent les oeufs.

 

♧ D’un point de vue de jardinage holistique, observant une plante dans son ensemble et dans son contexte, je ne saurai que trop vous encourager à favoriser les auxiliaires dans votre jardin: coccinelles, chrysopes, syrphes, punaises par la présence de plantes hôtes des insectes (plantes fleuries productrices de pollen : phacélie, orties…) ou encore en leur aménageant des coins douillets (abris à insectes par exemple). Dans la même optique, il faut éviter les haies monospécifiques de fusains ou de plantes sensibles… et au contraire varier pour limiter les attaques! Observons la nature (qui se débrouille très bien sans nous) et recréons une biodiversité, des synergies et des complémentarités.

 

♧ Si ces premiers gestes ne suffisent pas, il existe une recette naturelle « anti cochenille » à base de savon noir. Il suffit de diluer environ 1 cuillère à soupe de savon noir liquide dans 1L d’eau, avec 1 cuillère à soupe d’huile végétale et d’alcool. Cette solution est ensuite pulvérisée sur les plantes atteintes 1 fois par jour (s’il ne pleut pas) pendant 1 semaine. Cette opération devra être renouvelée tous les 15 jours pendant plusieurs semaines pour contrer les nymphes qui n’auraient pas été touchées car les produits ne traversent pas les carapaces des cochenilles femelles.

 

 

 

Une autre solution consiste à vaporiser la plante avec du purin d’ortie, ce dernier étant à la fois insecticide et permettant de renforcer la plante.

 

 

 

Pour toutes les cochenilles: De par mon expérience, je sais que certaines plantes comme le clivia, la corne d’élan et d’autres plantes d’intérieur sur stipe ou en rosette peuvent présenter des cochenilles très difficiles, voire impossibles, à déloger… Ces bébêtes sont malines et vont se faufiler dans les endroits les plus serrés… Vous avez beau retirer celles qui sont apparentes, il en reste toujours suffisamment pour se reproduire parmi les « cachées » et créer de nouveaux cycles… Ma recommandation? Vérifiez bien les plantes que vous achetez ou que vous bouturez! Et si vous voyez la moindre suspicion de cochenille, ne la ramenez pas chez vous! Au mieux vous la mettrez en quarantaine et vous la sauverez… au pire vous infesterez vos autres végétaux… surtout s’il s’agit de plantes d’intérieur…

 

 

 

Bon jardinage !

 

+ d’infos :

www7.inra.fr/opie-insectes – insectes
aramel.free.fr – cochenilles
www.omafra.gov.on.ca- Kermès euonymus
www.adalia.be – Dossier-Cochenilles